Voyage au Brésil

En association avec nos amis de Créteil, un voyage a été organisé pour aller aider sur un bateau qui navigue sur l’Amazone dans la région de … l’Amazonie. Une sorte d’église flottante qui va de villages en villages.

Norbert propose donc son carnet de voyage pour que nous puissions l’accompagner. Il essaiera de nous faire part de ses expériences et ses impressions au travers de ce journal dans la mesure où le web est accessible.

Jeudi 20/07

Départ de Paris Roissy à 15h40 où les bagages sont enregistrés. Norbert rejoint les amis de Créteil qu’il nous présente:

De gauche à droite

Roland

Martial

Sonia (notre amie interprète)

Edith, l’épouse de Roland

Nous arrivons à Francfort pour le changement avec 2h de retard pour cause d’intempéries violentes en Allemagne. Heureusement nous avons 5h pour le changement. Et embarquer dans le petit avion qui nous attend pour 11h20 de vol

Heureusement cet énorme monstre est rempli à 80% et Norbert a la chance d’avoir des places libres à son côté pour essayer de dormir.

Nous ne sommes pas placés les uns à côté des autres mais nous arrivons “légèrement” fatigués à 4h50 heure locale accueilli pour nos hôtes pour se rendre chez eux.

Vendredi 21/06

L’impression d’immensité de la ville de Sao Paulo frappe d’entrer puisqu’il nous faut près d’une heure pour aller dans le lotissement fermé où logent nos amis.

La journée voit passer famille et amis de nos hôtes. Sonia voit ainsi son frère qui a juste fait 3000 km pour venir la saluer quelques heures…

Nous faisons quelques emplettes et voici la vue de la maison qui nous reçoit car nous restons ensemble. La maison est remplie de personnes: Onésime et Luciled nous recoivent. Lui est pasteur d’une grande assemblée baptiste et il a également une activité de psychologie en parallèle.

Ici les quartiers d’habitation se ressemblent avec des maisons qui semblent “entassées” les unes sur les autres. Certains quartiers sont luxueux d’autres construits plus sauvagement.

Vue de la terrasse

Samedi 22/06

Nous nous recalons petit à petit mais les Français sont souvent les premiers levés vers 5h… Par contre le soir, c’est plutôt “abonnés absents”.

Nos hôtes nous proposent de visiter le temple bouddhiste le plus grand de Sao Paulo (l’état car la ville qui s’appelle Sao Paulo est dans l’état de Sao Paulo).

Ensuite pour le repas, nous mangeons un poulet avec de la pollenta brésilienne c’est à dire sous forme de purée consistante mais non gratinée.

L’après midi, nous nous promenons avec Roland à proximité de la maison du pasteur à gauche dans des quartiers plus populaires

Le soir nous sommes invités à un mariage Brésilien. La cérémonie se déroule sur le lieu du repas et le pasteur a la délégation du notaire (sic) pour prononcer le mariage civil. Toute l’organisation est sous traitée à une société (maître de cérémonie, photos et repas). La cérémonie se déroule selon un protocole assez serrée où les témoins (une dizaine de couples) entrent sur des musiques différentes et l’époux est amené par un proche puis finalement l’épouse. Les futurs mariés restent debout pendant la prédication du pasteur. Heureusement courte. Ensuite les invités vont s’assoir aux tables pendant que les mariés restent seules pour quelques photos.

Dimanche 23/06

Le jour du Seigneur. Nos amis baptistes font deux cultes le dimanche 10h30 et 18h. Après l’école du dimanche à 9h30 pour tous, l’église se remplit rapidement. Le culte démarre introduite par un groupe de louange (à gauche). Une présentation d’enfant est célébrée avant le message.

Sonia précise que la plupart des cantiques sont d’origine brésilienne et non une pâle copie de cantiques américains.

Nous sommes présentés et l’église se réjouit de nous rencontrer. A la fin du culte, et c’est très impressionnant toutes les personnes se font une accolade en disant “la paix de Jésus”. Un moment touchant de sincérité.

L’après midi, la famille de l’enfant présenté nous reçoit chez elle pour un repas digne d’un mariage français. Cela nous permet de faire connaissance avec une famille aisée très consacrée. Sur la photo de gauche, vous voyez nos hotes (à gauche) et la pasteur Onésime (frère de Gerson) avec son épouse. Nous vous rassurons: nous n’avons pas tout mangé!

Le soir, nous nous rendons à nouveau à l’église pour le culte à 18h non sans passer par la maison pour… prendre une douche. Les Brésiliens prennent deux à trois douches par jour.

Roland a la prédication ce soir et après quelques phrases en un portugais parfait, il poursuit en français traduit par notre grande interprète Sonia. Ce culte est aussi l’occasion de prier pour les personnes qui partent sur le bateau.

Lundi 24/06

Nous prenons le métro pour aller à la rencontre de Clarisse. Clarisse est la fille de Gerson et Sonia et a un projet auprès des enfants des favelas.

Le métro de Sao Paulo est vite bondé. Le seul moment pour avoir une place est entre 11h et 15h après ça se complique. Les jeunes ont la mauvaise habitude de s’assoir par terre bloquant rapidement le passage des vendeurs itinérants qui font des va et vient incessants pour vendre bonbons, chips, eau. Des messages sonores et visuels ne suffisent pas à arrêter ce commerce complètement illicite. Nous découvrirons que la loi est peu respectée ici bien que les actions de la police s’effectuent sans complaisance. La population est tellement nombreuse qu’une voyageuse nous expliquait qu’après une action où tous les vendeurs sont verbalisés, voire arrêtés le commerce s’arrête… quelques jours et reprend de plus belle.

Nous sommes accueillis à la descente du métro par Clarisse qui travaille dans le quartier “Cracolandiâ”. Ce quartier, comme son triste nom l’indique, est un quartier qui existe dans toutes les grandes villes brésiliennes et qui commerce la drogue sous toutes ses formes. En sortant de la gare vous avez d’un côté un auditorium prestigieux et luxueux ou les concerts des grands ensembles musicaux sont produits et de l’autre une place de mille mètres carrés où s’entassent ce que j’appelle les zombies du crack. Entassés et défoncés, elles dorment à même le sol. Tout le trafic s’y déroule mais on n’entre pas. La police surarmée effectue des contrôles de toutes les personnes qui s’approchent. Clarisse travaille avec les enfants de cette population et nous conduit dans la favela où toutes les personnes qui la croisent la salue. Elle est chez elle. Il m’est impossible de prendre des photos, parce que je me l’interdis. La favela apparait derrière une porte où vivent des familles (souvent des femmes seules avec enfants car les géniteurs sont en prison ou pris par leur addiction sur la place) dans des pièces fermées. L’eau est coupée quand nous accompagnons Clarisse dans ces logements qui ressemblent à des vestibules d’égouts. Une télévision fonctionne au milieu de quelques lits à étages. Quelques casseroles sur des feux de camping, un WC qui donne la nausée. Difficile de rester insensible tant la misère crie ici. Pourtant les enfants sourient et suivent Clarisse. Elle est ici avec les enfants et adolescentes qu’elle accompagne sur tous les temps extra-scolaires. Elle porte une enfant venue sans chaussure.

Les vacances d’hiver (eh oui) permettent des périodes d’accueil plus longue sur la journée de 14h à 19h environ dans le centre. Il s’agit d’une ancienne école catholique qui a été reprise ensuite par les
agents de Lula. A sa chute, ils ont tout saccagé (Il faut éviter de parler de Lula aux brésiliens qui fait l’unanimité contre lui). L’église catholique a proposé de vendre, puis de louer pour 15000 euros par mois. Après négociation et contre travaux de rénovation, les 20 000m2 sont loués pour 2700 euros. L’équipe aménage petit à petit avec les bénévoles.

Le projet initial est porté par un couple formé d’un brésilien (un ancien de la favela) qui s’est converti. Il a épousé une allemande venue aider dans lle quartier. Ils ont 4 enfants et 2 adoptés (de la favela). S’ennuyant en Allemagne, ils sont venus s’installer pour mettre en place le projet. Clarisse s’y est associée et elle accueille les équipes de passage. Nous participerons à la journée portes ouvertes le 6 juillet (cf page du 6 juillet).

Mardi 25/06 au Jeudi 27/06: Rio de Janeiro

Nos hôtes nous proposent une escapade à Rio de Janeiro où se situent les sièges de la mission baptiste intérieur “missiões nacionais”(qui gère les églises et missionnaires dans le Brésil) et la mission internationale pour les missionnaires qui sont appelés dans tous les pays du monde.

Nous quittons Sao Paulo mardi vers 11h du matin pour faire les 450 km qui séparent les deux villes. L’autoroute au Brésil est surprenant. Les péages sont très locaux et varient de 2R$ à 15,70R$ sur des portions de distance variable. Lorsque nous sortons de Sao Paulo, le plus surprenant est de voir installer des vendeurs de bonbons tout au bord de ce périphérique. Et ils sont nombreux à proposer ces produits de la mal bouffe. Notre hôte roule prudemment, très prudemment puisqu’il nous faut 8h pour parcourir la distance. Les derniers kilomètres signalent sur l’autoroute des passages de… piétons! L’homme est un animal dangereux pour lui-même.

L’arrivée à Rio de Janeiro nous accueille dans un quartier chaud puisque des échanges de feu éclatent à une centaine de mètres de notre auto.

Nous devions loger dans l’appartement de la mission mais la journée annuel de reconnaissance pour la mission (112 ans au Brésil) prévue le lendemain le rend indisponible. Nos hôtes, vexés par ce couac, nous installe dans un hôtel qui n’a pas de place pour garder les 5 français ensemble. Nous nous replions pour la première nuit sur un hôtel plus médiocre.
Nous découvrons Rio avec ses quartiers riches et les favelas sur les collines.

Le mercredi la missiões nacionais met à notre disposition un jeune pasteur qui nous guide tout au long de la journée: visite du parc naturel de Rio qui surplombe la ville. La proximité de la forêt tropicale, souligne notre guide, favorise toute forme de traffic dont celui de la drogue. Nous allons ensuite au Corcovado (statue du Christ qui surplombe la ville), le pain de sucre (colline en forme d’obus et accessible uniquement en téléphérique – point de vue unique) et la plage de Copacabana. Notre guide s’occupe de tout et nous fait prendre l’habitude de manger dans les restos au kilo. Le soir, nous nous rendons à la fin de la journée de reconnaissance. Sonia arrive à nous faire présenter devant les 300 personnes et internet. Nous avons le privilège d’écouter le chant entonné par les anciens drogués de la cracalandiâ de Rio. C’est le projet cristolandia soutenu par la fédération. Plusieurs églises baptistes sont dans des favelas. Grand moment d’émotion que d’entendre chanter à tue-voix cette cinquantaine de jeunes personnes. Quand on sait l’enfer du crack.

Le jeudi c’est la visite de la mission. Nous sommes reçus comme des ambassadeurs de la France.
1/ la mission nationale
L’organisation du siège de la mission baptiste est rodé comme une entreprise au service des églises. Ce sont près de 70 personnes réparties dans des services de support: littérature de formation pour les églises, accompagnement juridique, service de communication, service financier et RH. Le directeur nommé par la fédération s’excuse de ne pas nous recevoir car une réunion pastorale a lieu en même temps.
Une commission de pasteurs propose des principes pour un schéma directeur de la mission qui s’appuie sur 5 principes:

prière
relations profondes (formation de leaders)
implantation d’églises
formation de disciples (multiplicar)
grâce et compassion (oeuvres baptistes)

2/ la mission internationale
Elle s’organise de la même manière. Les deux branches ont été créés le même jour au début du XXè. Ici c’est le support aux missionnaires. Pour ceux en pays opposé à l’évangile, les informations sont cryptés pour ne mettre personne en danger.
Nous sommes invités au culte hebdomadaire du personnel.

Ensuite nous allons rapidement voir le stade de foot de Maracana, du moins de l’extérieur.

Nous rentrons à Sao Paulo pour se préparer à aller à Manaus où se trouve le bateau. Norbert prend le volant et pendant le voyage, le pasteur s’aperçoit que le billet est prévu pour le jeudi minuit 20. Pour lui cela a toujours signifié vendredi à 0h20. Il fallait comprendre jeudi 0h20. Donc grosse panique pour aller directement à l’aéroport. Nos effets sont rapidement pliés dans les valises restées chez Onésime pour nous rejoindre à l’aéroport. Le pauvre Onésime s’efforce de joindre la quinzaine de personnes inscrites pour les prévenir du départ imminent. Les brésiliens gèrent parfaitement ce genre de situation et il manque une personne à l’appel qui doit nous rejoindre le lendemain. Nous sommes finalement dans le bon avion pour Manaus. 4h de vol. Arrivée à 4h20 mais ici un fuseau horaire en moins donc 3h20 heure locale. Les amis de Manaus nous installent dans un hôtel du centre ville et nous nous couchons vers 5 heures du matin.

L’ Amazonie du vendredi 28/06 au jeudi 4/07

Nous profitons de l’après midi pour faire connaissance de l’équipe qui travaille régulièrement sur le bateau: les dentistes qui soignent les indiens le long du fleuve.
Il s’agit d’un couple qui a quitté son cabinet pour se consacrer à plein temps au projet AMAZONIA. Projet qui consiste à installer des jeunes “Radical” dans des communautés indiennes pour témoigner de l’amour de Dieu pour tous les hommes. Les jeunes sont installés en mode baroudeurs c’est à dire dans les conditions exactes de la population qu’ils intègrent. Ces jeunes s’engagent pour 2 années renouvellables. Aujourd’hui 117 sont portés volontaires avec un subside de 150€ mensuel pour couvrir leurs besoins en nourriture et essence pour la barque avec moteur qu’ils utilisent. En fait notre gros bateau (50 personnes) va à la rencontre de ces jeunes pour apporter du soin médical et encourager ces équipes.
La consécration de ces jeunes gens ou jeunes filles est touchante. Rien ne les dévie de leur engagement. Ils sont d’une rare gentillesse et viennent de tous le Brésil. Comme les conditions sont extrêmes, le tri est très sélectif. Approbation de l’église via la pasteur, tests médicaux et échange avec un psychologue sont exigés. A l’issue, trois mois de formation dans un lieu isolé sur l’Amazone proche de Manaus. Cette “ferme” reconstitue les conditions de vie dans une communauté: la literie est un hamac, les WC une fosse. Les jeunes apprennent à cultiver et élever des poules ou des canards avec en parallèle des enseignements missionnaires. Ils se lèvent tôt et étudient avec assiduité les Ecritures pour parler de l’Evangile. Ils se doivent de connaître 25 histoires bibliques par coeur parce que dans la jungle, on ne se promène avec sa Bible mais avec un canif et une carte! A l’issue de ces trois mois, les candidats sont déclarés aptes ou pas.

Organisation de la vie sur le bateau

Les femmes dorment à l’étage dans des cabines de 6 ou 8 personnes. Les hommes campent dans le lounge (salle de réunion, réfectoire, cultes, cabinet dentaire). Des matelas sont posés sur le sol sous des hamacs. Deux WC/douche pour les hommes en bas. Chaque cabine a son WC/douche.
Le programme journalier est le suivant:
Lever 7h
Déjeuner 8h (déjeuner à l’européenne: jambon, fromage, oeufs brouillés, gateau de maïs, fruits du pays – ananas, papaye, pastèque, melon jaune, thé, café, pain, beurre)
Culte 9h
Visites des communautés, clubs d’enfants et démarrage des consultations dentaires 10h
Repas 12h (peu varié: crudités, riz, haricots, viande ou poisson de l’Amazone, pas de dessert)
Reprise des activités vers 14h
Goûter à 17h – 19h
Détente et échanges 17h30. On peut se baigner autour du bateau dans une eau fluide à 24°C.
Culte dans la maison des jeunes radical à 19h
Diner à 21h (souvent identique au déjeuner, mais c’est très bon)
Coucher vers 22h30

Le bateau répond parfaitement aux normes et le capitaine est un ancien officier de marine. Il navigue la nuit ou tôt le matin pour que nous soyons dans les communautés vers 10h.

Des moments touchants lorsque des indiens témoignent de délivrance (drogue, violences) suite à leur conversion. Ce qui est le plus étonnant, la drogue touche toutes les communautés car l’Amazone est une voie de traffic en tout genre. Les réseaux n’hésitent pas à recruter des “mules” parmi les indiens. L’arrivée des jeunes est bien perçue et le bateau permet de faire le lien. Certaines communautés refusent l’arrivée de missionnaire mais pas des soins médicaux. Cependant l’équipe n’imagine pas l’un sans l’autre. Le dernier soir une des dentistes quitte l’équipe pour rester avec deux jeunes et aller dans une communauté non atteinte. Nous l’interrogeons sur sa manière de pratiquer: la tête en arrière suffit pour cette praticienne hors du commun. Son appel est clair, elle doit aller de l’avant au moins jusqu’en 2024. Après elle verra comment Dieu l’utilisera.

Plusieurs pasteurs accompagnent cette caravane. Sans privilège, les couples sont séparés sur le bateau (logistique oblige).

Le problème de l’eau

Il n’y a pas d’eau potable dans les communautés. Le bateau possède un système de filtrage et rend l’eau potable dans les douches mais elle reste noirâtre. Aussi une fontaine d’eau minérale est utilisée pour boire. Les jeunes radicals ont un système de filtrage d’eau, suffisant pour leurs besoins. Des églises américaines ont offert des systèmes de filtre portable très efficace avec un débit conséquent.
Les déchets organiques sont toujours jetés dans le fleuve et les déchets domestiques sont brulés dans les villages qui sont très sales. Les bouteilles et plastiques jonchent les sols presque partout. Les jeunes travaillent également cet aspect avec les enfants.
Les moustiques sont présents le soir mais nous nous attendions à plus de piqûres mais peut être les produits repoussants ont été efficaces.

Le dernier jour, les participants se détendent: visite d’une réserve de poissons, de plantes uniques au monde avec des diamètres de 2m50, de la “ferme” de formation des radicaïs. Et bien sur la traversée de la rencontre du Rio Salomones et du Rio Negro qui du fait de leur composition et de leur vitesse ne se mélangent pas. comme l’eau et l’huile ils restent séparés. Leurs noms respectifs donnent d’un côté une eau marron jaune et une autre marron noire. Unique au monde!

Le lendemain après un rangement rapide du bateau, nous visitons le marché touristique de Manaus.

Retour vers Sao Paulo sous une pluie battante. Retard d’une heure sur les avions pour raison de météo. L’arrivée à Sao Paulo est très longue car la pluie envahit les axes principaux et à 3h du matin nous avons des bouchons sur la voie express pour cause d’inondation de chaussée. Aucun pompier d’intervient en pleine nuit!